Nouvelle rubrique le week-end (2009 08 02) - High-frequency trading

Bonjour à tous,

Vous devez être étonnés à première vue. Pourtant, ce n'est pas Aroon qui vous écrit ce billet, mais bien l'un de vos camarades du blog.

Vous le savez et le vivez chaque jour : le blog d’Aroon est un lieu de discussion et d’échange intense autour de la bourse et de la conjoncture. Notre petite communauté grandit à vue d'oeil grâce au travail remarquable d’Aroon et nous sommes de plus en plus actifs à travers nos posts. A la suite de chaque billet quotidien, chacun n’hésite pas à contribuer à donner à ce blog un véritable (et surprenant) souffle d’amitié et de franche solidarité.

JT avait ainsi déjà frappé fort en partageant ses analyses techniques pointues sur le Dow Jones, en complément des analyses régulières d’Aroon, puis en publiant des graphiques d’analyse technique. A présent, c’est à mon tour de vous proposer, avec la bénédiction d’Aroon, l’occasion de poursuivre ces discussions sur une fenêtre plus ouverte et globale, axée sur l’actualité économique en général. Ainsi, de manière ponctuelle et en week-end, un article traduit de la presse anglosaxonne sera proposé à votre soif en matière économique et à votre particulière sagacité. Ce sera l’occasion d’agrémenter les discussions boursières par des escapades hors de vos carnets d’ordre et autres salles de marché, en vous invitant sur des sentiers indiscrets sur la mondialisation, la conjoncture économique, la situation aux Etats-Unis, l’émergence de la Chine, des focus sur des secteurs ou des entreprises…

Pourquoi un tel choix ? les analyses publiées dans la presse étrangère, et notamment la presse anglosaxonne, sont souvent de qualité, en tout cas souvent différentes de nos points de vue hexagonaux. Cela ne peut qu’enrichir nos avis. Vous avez déjà le loisir de lire la presse francophone alors que la presse anglosaxonne peut rebuter pour des raisons linguistiques. Enfin et surtout, cela nous permettra -très modestement- d’avoir des aperçus d’articles dont l’audience dépasse définitivement les frontières de la City ou de Wall Street.

Dernière information essentielle, mes traductions sont complètement artisanales et sont effectuées sur mon temps personnel, ce qui explique un rythme de quelques post d’articles par mois. N’hésitez surtout pas à me faire des remarques quant à la traduction elle-même si j’effectue des contresens (s’il y a des pros de la version anglaise, je suis plus que preneur !), car les erreurs peuvent facilement dénaturer le sens originel de l’article dans ce type d’exercice, surtout pour l’amateur que je suis.
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Pour ce début du mois d’Août, j’avais commencé à travailler sur un texte concernant la conjoncture du trafic mondial de conteneur, mais un article tout juste publié dans l’excellent Economist de cette semaine m’oblige à déroger à la ligne éditoriale car on va encore discuter... de bourse.

En effet, il s’agit d’un court article qui traite d’un sujet dans lequel nous baignons complètement et qui nous cause en partie de belles frayeurs en ce moment même : les robots !

Mais ici, le thème central est plus précisément celui du high-frequency trading (“ou algorithmic trading or automated trading, also known as algo trading, black-box trading, high-frequency trading or robo trading” selon Wikipedia en version anglaise) ou trading à haute fréquence (pour une traduction en français) qui s'incrit dans des micro-temporalités d'itération.

Et n’oubliez pas que rien n’est aussi riche que la lecture de l’article dans sa langue d’origine, sur le site du journal en question.

Bonne lecture à vous,

Phil

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Références de l’article (que je vous invite vivement à lire directement en langue anglaise) :
Rubrique FINANCE & ECONOMICS
Titre : Rise of the machines
Lien : http://www.economist.com/businessfinance/displaystory.cfm?story_id=14133802
Date : Jeudi 30 juillet 2009

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L’ascension des machines.
Le high-frequency trading

Le trading algorithmique cause des inquiétudes parmi les investisseurs et les régulateurs.
L’arrestation d’un ancien employé de Goldman Sachs en juillet, soupçonné d’avoir volé les codes d’un ordinateur déposé par la firme, a placé le monde secret du high-frequency trading sous le feu des projecteurs. Et ces feux s’intensifient. Les high-frequency traders sont des pourvoyeurs essentiels de liquidité – et ils peuvent revendiquer à leur actif le fait d’avoir compressé les spreads d’achat-vente. Mais beaucoup prétendent aussi que le HFT existe en récupérant sur d’autres investisseurs.

L’idée de base du trading HF (NDLR : HF pour High-frequency) est d’utiliser des algorithmes intelligents et des ordinateurs super rapides afin de détecter et exploiter les mouvements du marché. Pour éviter de signaler leur intention au marché, les investisseurs institutionnels tradent de gros ordres en petits blocs – souvent par lots de 100 à 500 actions – et à l’intérieur de zones de prix spécifiques. Les high-frequency traders tentent de découvrir le montant qu’un investisseur veut bien payer (ou encaisser) en proposant des cotations qui sont très rapidement annulées à moins qu’il ne décroche une réponse. Les traders achètent ou vendent alors les valeurs cibles avant l’investisseur, et les offrent à leur tour à ces dernier, une fraction de seconde plus tard, en réalisant un petit profit.

Une autre stratégie de trading HF repose sur la collecte des rabais que les échanges offrent aux pourvoyeurs de liquidité. Les high-frequency traders vont rapidement renchérir sur les investisseurs avant de revendre immédiatement les actions à l’investisseur à un prix d’achat légèrement supérieur, encaissant un rabais d’un quart de cent sur les deux transactions. D’autres tactiques consiste à pousser fortement sur les mouvements soudains de prix afin d’augmenter la volatilité, ce qui valorise davantage les options détenues par les traders. Les vitesses sont incroyablement élevées. Les high-frequency traders peuvent exécuter 1 000 transactions par seconde ; les échanges peuvent traiter des transactions en moins de 500 microsecondes (ou quelques millionièmes de seconde).

L’information asymétrique n’a rien de nouveau. Même ses critiques concèdent que la plupart des tradings HF est parfaitement légale. Mais certains avantages qui profitent aux high-frequency traders apparaissent comme injustes. Les ordres flash, un type d’ordre proposé sur certains échanges pour moins de 500 microsecondes, exposent l’information qui n’est seulement précieuse que pour ceux qui possèdent les ordinateurs rapides. En localisant leurs serveurs sur les marchés boursiers ou dans des centres de données adjacents, les traders peuvent maximiser la vitesse. « Il apparaît que les échanges conspirent avec un groupe privilégié de high-frequency traders dans une fraude massive », selon le gestionnaire de fonds Whitney Tilson. Exiger que les ordres soient émis pour une seconde ou plus peut rendre caduque la valeur des ordres flash et leur fonction de sondage du marché.

Un groupe qui pèse près de 50% d’un marché introduit aussi du risque systémique. Lime Brokerage, un fournisseur de technologie, a soulevé la perspective d’un algorithme voyou qui puisse mal tourner. Beaucoup croient que l’extrême volatilité du marché de l’année dernière a été accentuée par les traders à haute fréquence. Selon l’auteur et investisseur Nicholas Tassim Taieb, le trading HF « magnifie les changements et affaiblit finalement le système ».

Le marché peut corriger certains de ces problèmes. Des institutions sont en train de développer leurs propres algorithmes afin de brouiller les traders HF. De plus gros investisseurs évoluent dans des terrains plus troubles, des lieux de trading électronique où la taille et l’origine d’un ordre sont dissimulés. Le London Stock Exchange annonçait en juillet qu’il supprimait les rabais de liquidité. Les régulateurs sont aussi en train de retrousser leurs manches. Le 24 juillet, le sénateur démocrate Charles Schumer a pressé la Commission des Valeurs et des Echanges (Securities and Exchange Commission) de bannir les ordres flash. Alors que le trading passe des millisecondes aux microsecondes puis aux nanosecondes, tout le monde apprend à agir plus rapidement.